lundi 8 mars 2010

BHARATA

"SUR LA MUSIQUE HINDOUE

(...)
Le grand ennemi de l'homme, contre qui il engage dés sa naissance une lutte contre la mort, c'est le Temps. La conscience du temps pur, vide de contenu, est intolérable. Essayez seulement, pendant une minute, de faire attention au temps qui passe, et à nulle autre chose. Si vous réussissez, vous êtes hors de cause. (...)

Or toute musique se meut dans la durée, mesure la durée ; elle est succession irréversible. La musique est donc, qu'elle quelle soit, le temps concrétisé ; elle est du temps audible. ce merveilleux instrument nous donne prise sur l'insaisissable temps (...)

Pour l'Hindou, particulièrement les problèmes mélodiques sont résolus depuis des siècles. L'individualisme de l'artiste occidental qui veut se surpasser en réalisant par sa création l'image d'un dieu personnel à l'oeuvre , n'a pas cours chez lui. Une tradition antique a limité le nombre des thèmes musicaux - on dirait peut-être mieux, pour traduire l'intraduisible mot Rag, des colorations musicales. La technique du Rag est minutieusement régie par des règles très précises et très compliquées . Chaque Rag est lié à une heure du jour, une saison de l'année , à un état d'âme (...)

Extrait du livre de René Daumal
BHARATA
L'origine du théâtre
La poésie et la musique en Inde

samedi 6 mars 2010

Carnaval à Panjim

vendredi 5 mars 2010

article

Mumbai-Panjim

Le jour tombe sur Panjim. Des milliers d' oiseaux chantent dans les arbres hauts, un grand vent marin nous rafraîchit après la chaleur tropicale et moite de l'après-midi. Au loin, on perçoit une mélodie ou prière qui nous vient de l'autre côté de la baie. Sur la jetée de bois de petites lanternes ornent les rambardes de fer, elles scintillent dans l'obscurité qui tombe, il est 19H30. Quel calme après la folie de Bombay, ses klaxons incessants et sa foule immense !

lundi 1 mars 2010

SITAR

En session d'enregistrement au Blue Frog avec Ravi Chari au Sitar sur quelques nouvelles chansons, jean-Pierre me rappelle un passage de l'autobiographie de Ravi Shankar. Dans cet extrait jeune disciple de son guru révéré Ustad Allaudin Khan, connu sous le nom de Baba.

« Va, va t’acheter des bracelets !»

C’était un jour où il m’apprenait un exercice que je ne parvenais pas à jouer correctement : « Ah ! s’exclama-t-il, tu n’as aucune force dans ces poignets. Da da da. » Tout en criant il me frappa sur les mains. Je faisais de mon mieux et j’étais outré qu’il se mit en colère. Personne, jamais, ne m’avait parlé avec colère, même si, enfant gâté, je me conduisais mal. Quand Baba éleva la voix, je sentis la fureur plutôt que la peur monter en moi. Il s’était mis à m’insulter : « Va, va, va t’acheter des bracelets. Tu es une mauviette. Tu n’as aucune force. Tu ne peux même pas faire cet exercice ! » C’en était trop. Je me levai, sortis, fis mes bagages et marchai jusqu’à la gare. Je venais juste de manquer un train et tandis que j’attendais le suivant, je vis passer Ali Akbar, qui apercevant mes bagages, demanda ce qui arrivait. « Je ne resterai pas, lui dis-je, il m’a grondé aujourd’hui. » me regardant d’un air incrédule, Ali Akbar me demanda si j’étais devenu fou : « tu es la seule personne sur laquelle il n’ait jamais levé la main. Nous en sommes tous stupéfaits. Sais-tu ce qu’il m’a fait, à moi ? Pendant une semaine il m’a attaché chaque jour à un arbre, me battant et me refusant à manger. Et toi, tu te sauves parce qu’il t’a un peu grondé ! » Je m’entêtai : « je prends le prochain train. » A la fin Ali Akbar parvint à me persuader et je réintégrai ma chambre. Entre temps il avait prévenu sa mère, qui, à son tour, avait averti baba. Ali Akbar vint m’inviter à déjeuner et je me rendis chez eux. Ma (la mère d’Ali Akbar) m’accueillit en disant : « Entre. Tu vas bientôt partir, mais va donc passer quelques minutes auprès de ton Baba. J’allais le rejoindre et fis un pranam ; il était en train de découper mon portrait et de la placer dans un cadre. Nous ne dîmes mot ni l’un ni l’autre, mais je vis qu’il était ému. Au bout d’un moment, je finis par dire : « Je pars aujourd’hui. » lentement, il leva son regard sur moi et demanda : « C’est tout ? Je veux dire que je t’ai simplement dit de porter des bracelets et ça t’a blessé au point que tu veux nous quitter ? » Mes yeux étaient plein de larmes, je ne l’avais jamais vu ainsi. Il se leva et vint vers moi. « Tu te souviens sur la jetée de Bombay, ta mère a mis ta main dans la mienne et m’a demandé de s’occuper de toi comme de mon propre fils ? Depuis ce jour, je t’ai accepté pour fils et c’est ainsi que tu vas briser ce lien ? »

Il va sans dire que je ne partis pas. Et depuis lors, toutes les fois qu’il se met en colère, parce que j’ai fait quelque chose, il s’en va battre quelqu’un d’autre.

(Ravi Shankar, My music, my life, troisième partie. 1968 - Traduit de l’anglais par P. Osusky et N. Caron)

jeudi 25 février 2010

INDIAN SUMMER

guirlandes de Fleurs
chiens errants
odeur de jasmin
parcs immenses et plats
cocktails de fruits frais
cinéma années trente
chats maigres
grandes rues pleine de taxis
canne à sucre
rats
souris
voitures déglinguées
écolières en uniformes
musiques
bar des hôtels de luxe
statues d'éléphants
gardiens en habit à l'entrée des cafés
riz, épices et piments
boutiques de tissus multicolores
longue promenade sur la mer
vieux immeubles décrépis
longs palmiers penchés
soleil couchant sur la baie

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